Nous condamnons fermement la récente publication du professeur J. Mark Ramseyer de la Harvard Law School, intitulée « Contrats pour le sexe pendant la guerre du Pacifique » dans la Revue internationale de droit et d'économie.
Dans cet article, le professeur Ramseyer affirme que les « femmes de réconfort », victimes de l'esclavage sexuel soutenu par l'état japonais avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, étaient en fait des prostituées qui avaient négocié des contrats consensuels pour leur propre profit financier.
Son argument affirme en outre que les femmes de réconfort, des filles dont certaines n'avaient que 10 ans, comprenaient ce qu'impliquait ce travail et que les relations entre ces femmes et l'armée japonaise étaient mutuellement avantageuses.
Il soutient aussi que le gouvernement japonais n’était pas impliqué dans l’esclavage ou la maltraitance de ces femmes ; que ce sont plutôt les recruteurs et les opérateurs du trafic sexuel qui sont responsables.
Ces affirmations ont été faites sans preuves suffisantes, et avec un mépris flagrant des sources coréennes, des témoignages individuels et des décennies d'études universitaires financées par des bourses de gouvernements et d’organisations internationaux telles que les Nations Unies et Amnesty International.
Le gouvernement japonais a lui-même admis en 1993 qu’alors que le recrutement des femmes de réconfort était principalement assuré par des prestataires de services à la demande de l'armée, nombre de ces femmes avaient été recrutées contre leur volonté.
L’argument du professeur Ramseyer sur la « structure contractuelle » de l’esclavage sexuel pendant la Seconde Guerre Mondiale va à l’encontre des recherches antérieures des universitaires, fait fi des centaines de témoignages de survivants et tente d’exonérer le gouvernement japonais de son rôle dans le trafic et l’esclavage de ces femmes.
Environ 200,000 femmes coréennes ont été soumises à l'esclavage sexuel par l'armée japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, mais également des femmes de Chine, de Taiwan, des Philippines, de Malaisie, d'Indonésie, des Pays-Bas, du Timor oriental, du Japon, du Vietnam, de Thaïlande et de Birmanie.
L’article du professeur Ramseyer, non seulement refuse la condition de victimes aux femmes de réconfort, mais perpétue également dans l’histoire, le sexisme, le colonialisme et le racisme. En tant que professeur et historien, Ramseyer se doit de présenter ses opinions de manière impartiale et exacte, et pourtant il manque à son obligation de défendre l'intégrité académique et il attaque les droits humains fondamentaux et la justice.
Le professeur Ramseyer invente une histoire fausse mais crédible qui peut être potentiellement acceptée comme la vérité, en particulier par ceux qui ne comprennent pas toute l'ampleur de l'histoire des femmes de réconfort.
En dépeignant les relations entre l'armée japonaise et ces femmes comme étant consensuelles et mutuellement avantageuses, le professeur Ramseyer en rajoute aux tentatives continue de révisionnistes visant à effacer délibérément l'histoire des femmes de réconfort et la violence dans l'esclavage sexuel, et méprise les témoignages de ces victimes de l'esclavage sexuel.
Aucun argument ne doit justifier la violence faite aux femmes et la perpétuation de systèmes d’esclavage et d’exploitation sexuels.
Nous affirmons que la liberté académique n’exonère pas de conséquences et que des répercussions peuvent résulter des affirmations déformées du professeur Ramseyer.
Nous croyons fermement à la recherche, à l'éducation et à la représentation fidèle des événements historiques. Nous, soussignés, exigeons que l'individu, ainsi que les institutions impliquées, prennent les mesures suivantes: